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SAISON 5 VIRTUELLE - Bon baisers de Proxima. 1, pour le meilleur
 
 
Ecrit par : Kylie Lee
Traduit par : Laurent
 
V.O. publiée le 10 mars 2006
V.F. publiée le 27 avril 2007
 
    Bon baisers de Proxima. 1, pour le meilleur
 
"Encore un verre?" Le capitaine Jonathan Archer tenait la bouteille de liqueur d'Orion, cadeau d'un ancien ennemi. "La dernière fois que j'ai bu de ce breuvage, c'était avec le capitaine Hendry du Tasman. Et en fait, il était en train de me tromper." Il versa un doigt du liquide gris épais dans son verre.
"Merci. J'en trouve la saveur... intrigante." L'Ambassadeur Soval avança son verre afin qu'Archer le remplisse.
"Le Capitaine Hendry avait porté un toast que je voudrais reprendre." Archer leva son verre, et Soval, ainsi que les autres personnes assises à la table, le Commandant T'Pol et le Commandant Trip Tucker, firent de même. "A Starfleet, puissent-ils toujours être à portée de main quand vous en avez besoin." Le toast lui semblait approprié à la mission dont il était maintenant chargé. Ils étaient là pour participer aux pourparlers officiels de la création de l'alliance commerciale entre, parmi d'autres, la Terre, Vulcain, Proxima du Centaure, Andoria et Tellar. L'Entreprise transportait les délégués Terriens et Vulcains.
"A Starfleet", fit Tucker en écho avant de gouter à l'alcool. Archer sourit quand les yeux de Tucker s'agrandirent. "Bon sang, ce que cette boisson est forte", dit-il en toussant, reposant son verre. Il profita du passage de l'enseigne qui retirait son assiette à dessert pour lui demander du café et refusa l'offre tacite d'Archer de lui verser un autre verre. "J'ai encore quelques heures de boulot après le dîner", déclara-il en se frottant les tempes. Archer trouvait que Tucker avait l'air épuisé et taciturne. "Je dois dire que les réglages de tous les détails avec les Centauris prennent plus longtemps que je l'avais prévu. Je suis en contact avec un ingénieur, Rao Maas."
"Naturellement," dit Soval, hochant la tête. "Starfleet a approuvé la requête du docteur Maas concernant la livraison des spécifications du moteur de distorsion cinq."
"Et je veux que nos moteurs soient prêts pour l'inspection", continua Tucker. "La technologie est sur le point d'être... pas obsolète, mais plus au top. Et ce docteur Maas est définitivement une perfectionniste. Je peux déjà vous dire que je vais devoir justifier chacune des modifications que j'ai faites."
"Notre arrivée est toujours prévue pour demain matin", fit Archer. "Et je dois dire que j'espère que cette mission sera plus tranquille que les dernières. Je suis sur le qui-vive depuis que les Romuliens nous tiennent la jambe. Regardez tout ce que nous avons découvert ces derniers mois." Tout en parlant, Archer fit sur ses doigts la liste des désastres auxquels ils avaient échappé. "Nous avons la preuve qu'ils ont testé de nouvelles armes conventionnelles et biologiques. Ils ont introduit un espion dans la délégation Vulcaine que nous avions emmenée sur la Base Stellaire Une. Ils ont tué et pris la place d'un amiral de Starfleet. Ils semblent très... motivés pour contrer nos visées expansionnistes." Il insista sur les deux derniers mots, ironique. Visiblement, les mystérieux Romuliens qu'ils n'avaient encore jamais vus considéraient l'humanité comme une menace. Ils avaient fait tout leur possible pour essayer de semer la discorde entre les nouveaux alliés. Archer avait sans cesse l'impression qu'ils étaient toujours en avance d'un cran sur eux. Les Renseignements de Starfleet n'avaient jamais réussi à apprendre quoi que ce soit sur leurs projets avant qu'il ne soit trop tard.
"Et pourtant les alliances que nous avons établies tiennent", répondit T'Pol. "Les Andoriens sont devenus des alliés dévoués. Je crois que c'est le résultat de vos relations personnelles avec le Commandant Shran. Andoria tient compte de son avis."
"En parlant de Shran", fit Tucker. "Je suppose que nous allons rencontrer votre ami à la peau bleue aux négociations."
Soval accepta la tasse de café que lui tendait l'enseigne avec un remerciement de la tête. "J'ai reçu la liste finale des délégués aux négociations commerciales aujourd'hui. La rapidité avec laquelle elles ont été programmées est remarquable. Capitaine, je vous transmettrai la liste." Il se tourna vers Tucker. "Monsieur Tucker, vous avez raison. Le Commandant Shran est le délégué d'Andoria. Et pour ce que je crois être une première pour Andoria, les Aenars devraient aussi être représentés. Il amène l'homonyme de son vaisseau."
"Jhamel?" demanda Archer, surpris. Il se rappelait la belle femme aveugle aux longs cheveux blancs, minutieusement tressés, qui avait risqué sa vie pour les sauver à peine un an plus tôt. La dernière fois qu'il avait vu Shran, il avait été intrigué quand Shran avait laissé entendre que Jhamel pourrait bien devenir sa compagne. Il osa dire ce qu'il n'avait pas dit à Shran alors. "Est-ce qu'elle n'est pas un peu... jeune?"
"Les Aenars ne sortent pas souvent de leur monde", lui rappela T'Pol. "Jhamel est inhabituelle par le fait qu'elle a déjà effectué des voyages intersidéraux. Une telle expérience la qualifie de manière unique, de même que ses relations avec vous, Capitaine. Et je vous rappelle que la jeunesse et la compétence ne sont pas forcément incompatibles." Elle échangea un regard avec Soval, et Archer réalisa qu'elle avait fait une plaisanterie Vulcaine à son propre égard. Pour Soval, qui était l'ambassadeur Vulcain sur Terre depuis plus longtemps qu'Archer ne pouvait s'en rappeler, T'Pol devait probablement aussi paraître bien jeune pour cette position.
Soval reprit la parole. "Inclure les Aenars dans de telles négociations est un grand moment dans l'histoire d'Andoria et dans leurs règles. Les Vulcains observent cela avec grand intérêt." Il reposa sa tasse de café. "Sur ce, je dois me retirer."
"Nous ne nous sommes pas assez vus, ambassadeur", déclara T'Pol en se levant également. "Peut-être souhaiterez-vous vous joindre à moi pour méditer, demain matin. Je commence à cinq heures."
Soval inclina la tête. "Cela est acceptable. Une simple requête, cependant, Commandant. Pourriez-vous porter les robes de cérémonie Vulcaines pendant votre séjour sur Proxima du Centaure. Je crois qu'un tel affichage de nos traditions cimentera la confiance des Centauris dans la capacité des Vulcains et des Humains à travailler ensemble. Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, Capitaine."
"Non, cela me va parfaitement", répondit Archer.
"Naturellement", convint à son tour T'Pol.
"A demain, alors. Capitaine. Commandant."
"Est-ce qu'il va bien?" demanda Tucker une fois la porte refermée derrière l'ambassadeur. "Il est resté cloîtré tout le temps. C'est la première fois que je le voyais de la semaine."
"Je n'ai rien noté d'anormal", répondit T'Pol. "Je ne pourrai pas en dire autant de vous, Commandant. Est-ce que vos maux de tête continuent?"
Tucker absorba une longue gorgée de café et se leva. "Ouais", admit-il. "C'est comme si je ne pouvais pas voir autrement qu'avec mon oeil droit, bien que ma vision soit parfaite."
"Des maux de tête?" demanda Archer, qui n'avait encore jamais entendu parler de ce problème chez son officier. "Vous avez vu le docteur Phlox?"
"Deux fois." Tucker engloutit le restant de son café. "J'espère que la caféine m'aidera." Il indiqua la tasse. "Quelle que soit la drogue que Phlox me donne, cela ne semble pas faire l'affaire. T'Pol, que pensez-vous d'un massage neural, ce soir?"
"D'accord", répondit T'Pol. Archer, qui connaissait suffisamment ses officiers pour juger les émotions des réponses minimisées de T'Pol, comprit qu'elle était inquiète, ce qui l'inquiéta à son tour.
"Si vous recevez Soval à cinq heures, vous devriez venir dans mes quartiers", fit Tucker. "Disons à vingt et une heures? Bien." Il se dirigea à son tour vers la porte. "Merci pour le dîner, Captaine", fit-il par dessus son épaule.
"T'Pol", fit Archer, l'arrêtant avant qu'elle ne suive Tucker à l'extérieur. Quand la porte fut refermée, il lui posa la question qui l'inquiétait. "Pouvez-vous vous assurer qu'il ira voir le docteur Phlox pour un examen complet? Il avait vraiment l'air mal en point."
"Le massage neural l'aidera peut-être", répondit T'Pol. Archer voyait qu'elle n'en était pas convaincue.
"Vous avez déjà essayé sans que cela fonctionne?"
"Oui." T'Pol croisa ses mains derrière son dos. "Je vous accorde qu'un examen médical serait de rigueur, et non simplement une prescription d'analgésiques. J'y veillerai."
"Merci." Archer se leva à son tour. "Demain est un grand jour. Je me lève de bonne heure."
"Dormez bien, Capitaine", conclut T'Pol en sortant.
 
******
 
"La liste des délégués était très intéressante", déclara Hoshi Sato tout en dévorant son plat à la cuillère. En sa qualité d'officier des communications, elle était souvent la première à connaître les nouvelles.
"Très intéressant?" répéta Travis Mayweather, l'homme de barre. "Arrêtez de jouer avec nous, Hoshi." Il décala sa chaise en avant pour laisser quelqu'un passer derrière lui. "Waouh, le mess est plein, ce matin." Tout se précipitait, maintenant qu'ils étaient arrivés près de Proxima.
"La liste a été envoyée la nuit dernière", précisa Malcolm Reed, relevant les yeux de sa tablette pour saisir sa tasse de thé. L'officier tactique aimait faire plusieurs choses à la fois. "J'ai vu que le commandant Shran en faisait partie."
"Aucune surprise là-dedans", fit Mayweather. "Hoshi? Allez, donnez-nous quelques noms."
"Jhamel", fit Sato.
"Ca, c'est intéressant", dit Mayweather. Il avait entendu une rumeur racontant que Shran était amoureux de Jhamel, même si Shran, ce vieux loup de l'espace, avait probablement deux fois son âge. De l'avis général sur le vaisseau, cet amour avait quelque chose de tragique et de romantique.
"Deux Dénobuliens, qui voyagent avec les Tellarites."
Ceci retint l'attention de Reed, sa tasse figée à mi-distance de sa bouche. "Des Dénobuliens? Je ne me rappelle pas les avoir vus sur la liste des espèces qui négocient. La Terre, Vulcain, Andoria, Proxima du Centaure, Tellar. Ce qui me semble déjà bien assez pour ma part, en particulier avec les Andoriens et les Tellarites qui ne peuvent pas se voir."
"A cette liste, vous pouvez ajouter les Dénobuliens..." Sato se tourna vers Mayweather, les yeux brillants, et laissa tomber sa bombe. "Et les Boomers."
Mayweather, visiblement perplexe, posa sa fourchette. "Les Boomers? Pourquoi les Boomers? Nous faisons partie de la Terre. Nous n'avons pas la capacité, ou l'autorité ni rien d'autre, pour négocier."
"Vous avez élu des représentants à l'Assemblée", lui rappela Sato. "Et vous étiez présents aux cérémonies d'inauguration de la Base Stellaire Une. L'alliance des Boomers y était représentée. C'est une entité politique. Pourquoi ne seriez-vous pas représentés dans des négociations?"
"Ca se comprend, Travis." Reed poussa sa tablette afin de s'associer à la conversation. "Pensez à cela. Les Boomers emmènent des cargos partout. Certaines des stations spatiales les plus éloignées sont presque totalement occupées par les Boomers. Si vous voulez parler commerce et échange, vous devez parler avec les Boomers. Il ne s'agit pas simplement de routes spatiales. C'est aussi une question de contacts. Et les Boomers connaissent tout le monde."
"Et de qui s'agit-il?" demanda Mayweather, la curiosité piquée. "Qui sont les délégués de l'alliance des Boomers?"
Sato avait visiblement appris par coeur la liste entière. "Jacqueline Kearney et Elizabeth Franklin. Vous les connaissez?"
Mayweather secoua la tête. "Non. J'ai entendu parler d'Elizabeth Franklin. C'est une ancienne athlète. Elle a été médaillée en handball zéro-g, je crois. Elle était plutôt célèbre quand j'étais petit."
"Handball zéro-g?" grimaça Reed. "Cela a l'air redoutable." Il se redressa brusquement sur sa chaise. "Regardez qui est ici", fit-il en inclinant la tête vers l'entrée.
Mayweather s'étira le cou, juste à temps pour voir le docteur Phlox entrer, accompagné d'un couple de Dénobuliens, tous trois hilares.
"Regardez comme ils se connaissent", observa Mayweather.
"C'est la semaine des grandes retrouvailles", murmura Sato tandis que les Dénobuliens se dirigeaient vers leur table.
"Enseigne Sato", dit le docteur Phlox sur un ton très jovial. "Exactement la personne que je voulais voir. Et Messieurs Mayweather et Reed. Permettez-moi de vous présenter ma première épouse, Alora, mère de deux de mes enfants, et son deuxième mari, Card."
"Heureux de faire votre connaissance", dit Mayweather, essayant de ne pas trop les dévisager. Il avait déjà rencontré une des épouses de Phlox, sa deuxième épouse Feezal, mais c'était la première fois qu'il rencontrait un autre mari. Il n'avait jamais vraiment compris le mariage Dénobulien, mais les coutumes semblaient bien trop... libertines pour lui. Il savait que Phlox avait trois épouses, et que chacune de ses épouses avait deux autres maris. En tout cas, Phlox semblait avoir un goût pour l'esthétique, Alora était l'égale de Feezal en beauté. "Hoshi était juste en train de mentionner qu'il y avait des délégués Dénobuliens."
"Ah oui", fit Alora en souriant. "J'ai peur que ce soit nous. La Triaxe Dénobulienne est située tout près de Tellar géographiquement, et naturellement, nous avons pensé que nous devrions travailler de concert avec nos voisins si nous voulions faire alliance avec de nouvelles espèces." Elle rayonna de sourire à l'intention de Mayweather.
Card, qui semblait légèrement plus jeune que Phlox et avait de longs cheveux noirs, intervint. "Nous travaillons déjà avec nos voisins sur un projet de recherche, et la direction de la Triaxe Dénobulienne a pensé qu'elle devait nous envoyer ici parce que Phlox était là. Alors nous avons voyagé avec les Tellarites, et nous voilà!"
"Alors ce n'est pas une coïncidence", conclut Reed d'une voix neutre.
"Ah, il n'y a jamais de coïncidence!" fit Card, se faisant sans le savoir l'écho de ce que Mayweather savait être aussi le sentiment de Reed. Mayweather et Sato échangèrent un bref regard amusé. "Mais je parle trop. Dans un univers si riche et diversifié, on est toujours sujet à des coïncidences. Mais, comme vous l'avez remarqué, pas dans ce cas-ci."
Phlox coupa court à la conversation. "J'organise une petite visite pour Alora et Card. Ils sont arrivés à bord il y a à peine une heure après notre arrivée en orbite autour de Proxima du Centaure. Nous sommes restés éveillés toute la nuit à discuter. Hoshi, je voulais particulièrement que vous rencontriez Card, c'est un expert en linguistique."
"Non, non, non!" protesta Card avant de se rétracter aussitôt. "Enfin, oui. Oui, je le suis, je suppose." Mayweather réprima un sourire. Card semblait exactement comme Phlox, juste un peu plus tranquille. "J'ai tellement hâte de vous écouter parler de votre travail sur le Xindi aquatique. La langue d'un peuple sous-marin! C'est très passionnant. Phlox ne m'a été d'aucune aide, absolument aucune utilité. Il n'a pas pu répondre à une seule de mes questions." Card secoua la tête tristement.
"J'en serai enchantée", répondit Sato en se redressant fièrement. "En fait, j'ai quelques enregistrements que vous trouverez probablement très intéressants. Nous pourrions peut-être déjeuner ensemble aujourd'hui? Je pense que nous aurons une pause de deux heures. Et naturellement, Alora et le docteur Phlox pourront se joindre à nous."
"Je crois que Phlox et moi trouverons notre propre occupation", fit Alora, ce qui fit rire Card, rougir Sato, tandis que Mayweather et Reed échangèrent des regards perplexes. "Quoi? Ais-je dit quelque chose de mal?" Phlox se pencha vers lui et lui chuchota quelque chose à l'oreille. "Mais nous avons déjà tous les trois fait... Oh..." Elle sourit à l'attention de la table, visiblement pas le moins du monde gênée. "Je ne voulais pas vous embarrasser. Phlox, mon chéri, préviens-moi si je fais quoi que ce soit d'inadéquat."
"Depuis combien de temps n'avez-vous pas vu le docteur Phlox ?" demanda Mayweather.
"Oh, pas longtemps. Non, pas longtemps du tout", fit Card. "Seize ans?"
"Oui, cela doit être à peu près cela", convint Alora. "Seize ans."
Mayweather cligna des yeux. Seize ans, la durée lui semblait terriblement longue, selon lui. Une nouvelle fois, il se demanda quel âge pouvait bien avoir Phlox.
"Je pense que nous devrions prendre notre petit-déjeuner", déclara Phlox. "J'ai un patient à neuf heures et je ne dois pas être en retard. Card, Alora, vous devriez essayer les oeufs. Ils sont délicieux !"
"Nous vous réservons des places", promit Sato, provoquant les plus vifs remerciements de Card.
Mayweather observa les trois Dénobuliens se diriger vers le buffet. "Je crois qu'ils vont faire de piètres négociateurs", dit-il à Reed. "Ils disent exactement ce qu'ils pensent."
"Beaucoup de monde devrait essayer cette stratégie", répondit sèchement Reed. "C'est à recommander. Cela faciliterait grandement mon travail."
 
******
 
Tucker protesta quand Phlox se pencha en avant pour lui insérer un instrument dans l'oreille. "C'est ma tête qui me fait mal, pas mes oreilles. Hé, c'est froid."
Phlox grogna sans faire un seul mouvement de plus. "Dernier examen et ce sera fini, Monsieur Tucker."
"Admettez-le. T'Pol vous a mis tout ceci dans le crâne, n'est-ce pas?" demanda Tucker tandis que Phlox déposait l'instrument et inscrivait quelques notes sur sa console.
"Naturellement, elle l'a fait." Phlox lui montra la chambre du scanner . "Prochain étage, examen du cerveau."
"Tout ça pour un mal de tête", se plaignit Tucker en se laissant glisser du lit médical.
"Oui, pour un mal de tête", confirma Phlox. "T'Pol est très inquiète à votre sujet."
"C'est son travail d'être inquiète pour moi." Tucker se dirigea vers la chambre, tirant avec effort sur la tunique courte qu'il portait afin d'essayer de se couvrir les fesses. "C'est le Premier officier. Je suis... un problème de personnel."
"Je suis certain que c'est un peu plus que cela." Phlox se pencha au-dessus de Tucker pendant que ce dernier s'asseyait sur la surface froide de la table. "Etendez-vous sur le dos. Merci. Je sais que les analgésiques n'ont pas fonctionné, ou vous ne seriez pas ici, mais avez-vous essayé le massage neural?"
Tucker hocha la tête comme il le put. "Oui. Ce n'est pas comme avant, quand je n'arrivais pas à trouver le sommeil." C'était une mauvaise période, quand il avait eu ses cauchemars. "Ma tête me tape, et j'ai l'impression d'être malade, notamment d'avoir des vertiges. C'est nouveau."
"Hmm", fit Phlox sans émotion. "Entrez-là dedans."
"Je dois être à l'ingénierie à dix heures!" cria Tucker pendant que le lit glissait doucement dans l'imageur. "J'ai une réunion avec Rao Maas! De Proxima du Centaure! Vous savez, le peuple que nous voulons impressionner!"
Quelle que soit la réponse de Phlox, elle se perdit tandis que l'imageur se mettait en marche. Tucker, qui avait déjà expérimenté la machine, savait à quoi s'attendre. Il devait grosso modo rester là, tranquillement, sans faire de mouvement. Mais c'était difficile. Il avait encore quelques détails à régler avant que le docteur Maas n'arrive, et il trépignait d'impatience de sortir de là. La machine émit un fredonnement continu pendant qu'elle travaillait. Tucker respira avec soulagement quand il sentit le lit glisser pour ressortir. Il savait que quelques minutes seulement s'étaient écoulées, mais cela lui avait semblé beaucoup plus long.
"Cette machine me rend claustrophobe", se plaignit-il quand le lit cessa de glisser. "Phlox?" demanda-t-il sans cependant recevoir de réponse. "Doc?" Il se redressa sur ses coudes. "Quoi?" demanda-t-il en voyant Phlox regarder fixement le moniteur au-dessus de lui.
"Heu, heu", répondit Phlox. "Regardez, c'est intéressant."
"Intéressant?" demanda Tucker, alarmé. "Est-ce que je peux me relever?"
"C'est particulièrement clair par contraste." Phlox appuya sur un bouton, et une des images annexes s'agrandit pour remplir l'écran. "Monsieur Tucker! Pourquoi restez-vous là-bas? Venez voir les résultats. Je pense que j'ai trouvé la cause de votre mal de tête."
"Quoi?" Tucker traversa rapidement la pièce, sautillant sur le plancher froid et rattachant ensemble les pans de son peignoir. "C'est ça?" indiqua-t-il à l'écran une fine ligne bleue. "Elle n'a pas l'air normale."
"Elle ne l'est pas. Des engrammes de mémoire ont été modifiés." Phlox se pencha en avant, clairement fasciné. "Intéressant."
Tucker cligna des yeux. "Etes-vous en train de me dire que ma mémoire a été effacée?"
"Oui, c'est cela", répondit Phlox, la mine sérieuse. "Juste une toute petite partie. Vous voyez la limite des dommages ici?" indiqua-t-il, pendant que Tucker regardait fixement l'écran, horrifié.
"Je ne me rappelle pas avoir eu la mémoire effacée", fit-il sur un ton accusateur.
"Si vous vous en souveniez, le travail n'aurait pas été réussi, non?" répondit Phlox.
Tucker se calma. Phlox marquait un point. "J'imagine, oui." Il regarda fixement le moniteur. "Pouvez-vous savoir quand cela s'est produit?"
"Certainement. Le taux de dégradation des engrammes de mémoire est une constante bien connue." Phlox fronça les sourcils. "D'après ce schéma, je dirais, hmmm, je dirais que cela remonte à dix jours." Il se pencha en avant. "Mais attendez... Oh !" Il pianota sur la console et les afficheurs s'inversèrent. Tucker l'observa faire, essayant de le suivre. A son mal de tête s'était ajouté un creux dans l'estomac. Il ne voyait pas ce que tout ceci pouvait signifier. Il n'avait pas l'impression que sa mémoire avait été altérée. Il se remémora frénétiquement les événements des dernières semaines. Ne devrait-il pas y avoir un trou ou quelque chose dans ses souvenirs? Pourtant sa mémoire semblait complète. "Intéressant."
"S'il vous plaît, Doc, ne dites pas cela", le pria Tucker.
"Hein? Ah, désolé." Phlox indiqua un point sur l'écran. "Je dirais que même si l'effacement s'est produit il y a dix jours, il y a d'autres anomalies, d'autres traces, qui ne correspondent pas. Ici, c'est comme si... Comme si des souvenirs avaient recouvert d'autres souvenirs, puis avaient été rétablis dans leur condition initiale. Mais ici et ici, ce n'est pas continu, comme vous pouvez le voir." Tucker hocha la tête, bien qu'il n'ait aucune idée de ce dont parlait Phlox. Phlox se retourna vers lui. "Commandant, où étiez-vous il y a dix jours?"
Tucker savait exactement où il était. "J'attendais dans la nacelle avec Malcolm notre rendez-vous avec les Klingons", répondit-il sans hésiter, juste avant que l'intercom de l'infirmerie bipe un appel.
"Je pense qu'il doit se cacher plus dans cet événement que ce qu'il y parait", fit Phlox tout en appuyant sur le bouton du communicateur mural. "Ici l'infirmerie", fit-il dans l'appareil.
"Rao Maas est ici, pour le Commandant Tucker", fit la voix du membre d'équipage Feldman. Elle remplaçait Sato, partie sur Proxima avec l'équipe des négociations. Elle était partie à huit heures en compagnie de l'Ambassadeur Soval et du Commandant T'Pol.
"Veuillez escorter le docteur Maas jusqu'au bureau du commandant Tucker dans l'ingénierie", fit Phlox avec un regard interrogateur à Tucker, qui hocha la tête en consentement. "Monsieur Tucker la rejoint là-bas. Infirmerie terminée."
"Merci, Doc", dit Tucker. Son excitation de rencontrer Rao Maas avait complètement disparu. Au lieu de cela, il avait une envie folle d'annuler le rendez-vous, en dépit de jours et de jours de préparation effrénée. Mais maintenant qu'elle était ici, c'était trop tard.
"Je vais rédiger un rapport au capitaine Archer et au commandant T'Pol à ce sujet", déclara Phlox. "J'ai peur de ne pas savoir exactement ce qui vous a été fait, et l'effacement est limité et localisé. Il est tellement faible qu'à mon avis médical, votre mémoire n'a pas dû être autrement altérée. En bref, je ne vois pas en vous de risque pour la sécurité du navire."
Tucker lui adressa un faible sourire. "Bien."
"Mais en ce qui concerne ce qui vous a été fait, nous allons devoir aller au fond du problème. Les engrammes de mémoire ne contiennent pas eux-mêmes de données, juste leur encodage." Phlox fronça les sourcils. "J'ai fait des enregistrements de l'anomalie, naturellement, je n'aurai donc pas besoin de votre présence pour travailler sur cette petite énigme. Mais je voudrais que vous reveniez dès que vous aurez un peu de temps libre." Phlox éteignit le moniteur. "En attendant, excepté votre mal de tête, qui devrait disparaître tout seul d'ici quelques jours, il n'y a aucune raison physique de ne pas continuer vos fonctions. Peut-être que le docteur Maas et vous accepterez de déjeuner avec Alora et moi? Card déjeune avec l'Enseigne Sato pour parler boutique. Je ne crois pas que vous ayez encore rencontré... ma famille."
Tucker déglutit nerveusement. Il avait déjà rencontré une des épouses du Phlox, et elle avait été très... entreprenante avec lui. "Non, je ne les ai pas encore rencontrés. Euh, il faut que j'y aille. Mais je ne sais pas encore pour le déjeuner. Je verrai en fonction de la visite."
Phlox lui adressa un large sourire. "Naturellement. Et bien, nous serons dans le mess, si vous nous cherchez. Autrement, vous nous trouverez soit sur le vaisseau Tellarite, où ils ont réservé leurs places, soit ici avec moi." Il soupira. "Tout cela me rend juste un petit peu nostalgique, de les revoir! Il y a trop longtemps que nous n'avions pas été tous ensemble." Il tapota sur l'épaule de Tucker. "Faites attention, et avertissez-moi si vous sentez n'importe quel changement dans votre état, même le plus léger."
Tucker se dirigea vers le vestiaire où il avait laissé son uniforme. "Je ferai de mon mieux", murmura-t-il, alors que sa tête le martelait à nouveau.
La visite, de même que la journée, promettait d'être longue.
 
******
 
"...et Alora, la Dénobulienne, l'épouse de Phlox, a appelé le délégué Tellarien 'Raf'." Sato rit nerveusement. "Je veux assure, il est très impressionnant. Très, très impressionnant. Tout le monde l'appelle par l'un de ses sept titres, mais pas Alora."
"Elle est terriblement attirante, Alora, n'est-ce pas?" murmura Reed, l'air amusé. "Trip? Qu'est-ce que vous en pensez?"
"Taisez-vous, Malcolm", lui demanda Tucker. Reed s'était invité à leur dîner sans le leur demander, le capitaine ayant décrété que Tucker devait avoir une escorte quand il sortait du vaisseau, et ceci jusqu'à ce que Phlox ait résolu le problème de mémoire de l'ingénieur en chef. Archer avait estimé que Tucker présentait un risque pour leur sécurité, en dépit de l'opinion médicale de Phlox.
"L'une des autres épouses de Phlox lui a fait la cour il y a quelques années", expliqua Sato à Rao Maas, une femme à la cinquantaine grisonnante et la carrure massive. Tucker l'avait tout de suite appréciée, et Sato voyait pourquoi. Elle était intelligente, directe et amusante. "Notre culture est monogame, et le pauvre Trip ne savait plus quoi faire."
"Je savais quoi faire", protesta Trip. "Je lui ai dit 'merci, mais non'." Il se retourna vers le serveur qui passait. "Non, pas vous", lui dit-il à la hâte, arrêtant le serveur qui repartait. "Je vais reprendre une de ces boissons jaunes." Il regarda autour de lui la table, cherchant clairement à changer de sujet. "Bien! Un peu difficile, la nourriture de Proxima du Centaure, non? Qu'en pensez-vous? Des commentaires?" Il leva les sourcils. "Quelqu'un?"
"C'est l'un de mes restaurants préférés", protesta Maas. "Et il n'y a pas que moi. Il est sur la liste des dix meilleurs restaurants de la ville. Il est dans tous les guides. Est-ce que vous n'appréciez pas mon choix, Trip?"
"Vous avez dit que vous endosseriez la responsabilité au cas où nous ne l'aimerions pas", précisa Tucker.
Maas lui sourit malicieusement. "Et je le maintiens. Mais naturellement, en votre qualité d'invité, vous devez être absolument poli. Ce qui fait que je ne peux pas perdre."
"Elle marque un point, Monsieur", lui dit Mayweather. "Pour ma part, je trouve que c'est délicieux. Ce... Haou est vraiment savoureux." Il indiqua le plat d'haricots au riz qu'ils avaient commandé.
"C'est le plat national de Proxima", leur dit Maas. "Personnellement, je le prépare avec un peu plus d'épices, mais c'est juste par goût personnel."
"Ah oui? Quand nous inviterez-vous chez vous, que nous goûtions un vrai repas fait maison?" la défia Tucker.
Maas rit. "Probablement jamais", répondit-elle. "D'abord, il faudrait que je nettoie ma maison. Une telle opération est des plus improbables. En second lieu, mon mari fait toute la cuisine ces temps-ci. Je n'ai pas touché un plat depuis, disons trois ans."
"Intéressant", fit Sato avec approbation. Les deux femmes, complices, firent tinter leurs verres. "Je dois dire, Rao, que je n'ai pas l'impression que la population nous aime beaucoup, avec nos négociations commerciales." Elle avala une gorgée de son vin. Sato ne mentionna pas qu'elle avait étudié les médias locaux et ainsi découvert que, bien que Proxima du Centaure accueille les débats, le sentiment populaire, au moins dans la ville capitale, les rejetait. Elle ne comprenait pas leur mode de pensée. D'une part, Proxima du Centaure était présente aux cérémonies d'inauguration de la Base Stellaire Une, comme l'avait été chacune des autres races présente ici aujourd'hui. Elles avaient accepté de participer à la construction et à la gestion de la Base Stellaire, mais apparemment, ces races n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur quoi que ce soit d'autre. Le rêve d'Archer d'une communauté unie, dont il avait parlé pendant son discours lors de l'inauguration de la Base Stellaire Une, semblait de moins en moins possible.
"Pas beaucoup, non", répondit Maas. Sato lui demanda si elle pouvait expliquer pourquoi. "Je ne prête pas vraiment beaucoup d'attention à la politique. Je pense que la proximité physique de Proxima avec la terre, et votre supériorité technologique par rapport à nous, nous donne l'impression de rester dans votre ombre. Les opérations de la Terre avec les Vulcains nous rendent nerveux, parce qu'ils cachent trop d'informations. Avec les Vulcains, on n'est jamais sûr de ce qui va se passer, parce qu'on ne peut pas savoir ce qu'ils pensent. Les Andoriens ont le sang chaud, tirer d'abord et poser les questions ensuite. Et ils ne supportent pas les Tellarites. C'est la véritable recette d'un désastre. Quand aux Dénobuliens, et bien, j'imagine que nous aimons bien les Dénobuliens."
Sato sourit. "Tout le monde aime les Dénobuliens."
Maas but une gorgée de son eau. Elle n'avait pas pris de vin de tout le dîner. "Je suis beaucoup plus intéressée par vos capacités à atteindre la distorsion cinq. La visite guidée de Trip aujourd'hui était formidable. J'ai été vraiment fascinée de voir la différence entre les spécificités que Starfleet nous a fournies et les ajustements pratiques qui ont été réalisés."
"C'est complément différent sur le terrain", reconnut Tucker. "Nous avons également dû modifier l'Entreprise ici et là, pour nous sortir d'une impasse technique, ou pour gagner un peu plus de vitesse."
"J'ai été davantage impressionnée par le désir de vos supérieurs d'entretenir de bonnes relations avec nous." Maas s'adressa au serveur, qui était venu livrer sa boisson à Tucker. "La note est pour moi, je vous prie." Elle contra d'un geste de la main les protestations de Sato et de Tucker. "S'il vous plaît. Cela me fait plaisir. C'est merveilleux de rencontrer de nouveaux amis."
"Merci, Rao", dit sincèrement Sato. "Si vous voulez m'excuser, je vais faire un petit tour aux toilettes avant que nous ne sortions."
Tout en s'éloignant, elle entendit Maas et Tucker se lancer dans une autre discussion technique détaillée. Ils semblaient être de véritables âmes soeurs, mis à part les différences d'âge, de sexe, et d'expérience. "Désolée", murmura-t-elle dans la langue locale en s'efforçant de se frayer un chemin.
"Faites attention", lui dit brusquement un homme quand elle lui marcha sur le pied. Sato releva la tête en direction de son visage.
"Ma faute", fit-elle, la formule d'excuses centaure sortant instinctivement de ses lèvres, malgré le choc qu'elle éprouva en identifiant l'homme. Elle fut extrêmement heureuse de ne porter, comme le reste de ses compagnons de dîner, que des vêtements civils anonymes.
C'était le capitaine Hendry, le même capitaine qui avait donné à Archer une bouteille de liqueur d'Orion. Le même Hendry qui avait trompé l'Entreprise en l'envoyant dans une mission piège de soit-disant secours, alors que Tucker et Reed étaient en rendez-vous avec ce qui s'était avéré par la suite être des Klingons. Et assis à la table du capitaine Hendry, il y avait des hommes et des femmes qui étaient visiblement des Boomers. Hoshi identifia l'insigne sur une veste de cuir posée sur une chaise, au moins un Boomer venait du vaisseau Fortitude.
C'était le vaisseau de Jacqueline Kearney, l'une des déléguées de l'alliance des Boomers.
Sato continua son chemin, mine de rien. Elle alla aux toilettes comme prévu, mais son esprit était obnubilé par une seule chose. Que faisait donc quelqu'un de l'équipe de Kearney avec Hendry, un homme qui pouvait facilement être acheté?
Il fallait qu'elle voie Reed immédiatement.
 
******
 
Les Centauris aimaient le gris, conclut Reed le matin du deuxième jour des négociations. C'était la seule manière de les décrire. Tous ceux qu'il avait vus, même s'il n'en avait pas vu beaucoup en dehors du complexe où se tenaient les négociations dans la petite partie de la capitale, étaient vêtus de gris ou de noir, généralement un pantalon et une tunique ample. Les hommes et les femmes portaient tous les cheveux longs, et donc à une certaine distance, tous se ressemblaient. Pourtant, tous étaient amicaux, et la nourriture était bonne, pas seulement celle de la soirée passée au restaurant où Rao Maas les avait emmenés, mais également au siège des négociations.
"Un autre canapé, Monsieur?" demanda doucement le serveur en lui présentant un plateau.
"Mmm, oui merci." Reed saisit quelque chose qui semblait être au fromage et examina la salle tout en mordant la bouchée. En compagnie d'autres attachés et aides, il se tenait dans l'immense hall situé à côté de la salle où les négociations avaient lieu. L'événement était retransmis sur de grands écrans, mais le son avait été baissé au maximum, et il devait prêter attention pour entendre quelque chose.
Il avait rapidement découvert que les délégués aimaient faire de longs discours monotones centrés sur leur propre personne, tout particulièrement les Andoriens et les Tellarites. Le court discours qu'avait fait Alora hier avait fait porter la honte sur ceux de tous les autres, selon lui. Elle avait été directe. "les Dénobuliens veulent avoir la possibilité de voyager librement et sans restriction dans l'espace, et nous voulons commercer avec vous tous. Nous pensons avoir beaucoup à offrir. Et c'est pourquoi nous sommes ici." Et c'était tout. Maintenant, les discours d'introductions était passés, et ils étaient plongés dans les détails. Il savait pouvoir obtenir de Sato, aide en chef d'Archer dans les négociations, un résumé rapide de tout ce qui se disait.
Reed était beaucoup plus intéressé par la sécurité, bien qu'il dût admettre que jusqu'ici, elle semblait parfaite, du moins à l'intérieur du complexe. Il était encore inquiet après la découverte de l'altération de la mémoire de Tucker lors de son passage à bord du vaisseau Klingon. Reed avait aussi été examiné par le docteur Phlox, mais le résultat n'indiquait aucune modification de sa mémoire. Il n'était pas vraiment sûr que cela le rassure. A cela s'ajoutait l'information que Sato lui avait donnée la veille au soir lors du retour de la navette jusqu'à l'Entreprise, à savoir qu'elle avait vu le capitaine Hendry avec des Boomers du Fortitude, dont un délégué. Sato avait fait remarquer qu'Hendry avait probablement accepté un travail quelconque qui l'avait amené par hasard ici, et donc qu'il pouvait bien être complètement innocent, mais Reed n'y croyait pas. Quelque chose se tramait.
"Ceux aux lardons sont presque épuisés."
Reed releva la tête, interrompu dans ses pensées, puis jeta un oeil sur le plateau de petits fours. "Je vois cela", répondit-il poliment sans prêter attention à son interlocuteur.
Le serveur changea soudainement de voix, se faisant plus pressant. "Je suis un fan de ces petits lardons", fit-il, baissant la tête vers Reed. Ce dernier se figea et poussa un juron entre ses dents. "Un grand fan." La voix avait repris son timbre original, doux et poli, mais Reed savait maintenant qui il était.
"Harris", murmura-t-il.
"Je n'arrive pas à croire que vous vous soyez laissé berner par un simple changement de coiffure", dit Harris, gardant sa voix de serveur. Il s'était teint les cheveux en blond et coiffé à la brosse. Il avait également changé la couleur de ses yeux. Mais c'était les changements dans sa posture et ses gestes qui avaient trompé Reed. "Il faut que nous parlions. Je vois que vous êtes seul. Restez-le. Vous voyez ce coin, là-bas?" Il indiquait des yeux un espace isolé dans le hall. "Dans cinq minutes."
Harris s'éloigna au loin. Reed l'observa encore quelques secondes, incrédule, offrir des hors-d'oeuvre à d'autres invités tout en se dirigeant progressivement vers les cuisines. Reed se décida à bouger deux minutes plus tard. Il trouva un couloir tranquille et ouvrit son communicateur. "Reed à T'Pol", fit-il. Il ne pouvait pas contacter Archer, encore dans la salle des négociations.
"Ici T'Pol", répondit-elle.
"Je viens juste de rencontrer un vieil ami", annonça Reed, prenant des précautions au cas où elle ne serait pas seule. La dernière fois qu'il l'avait vue, elle se trouvait parmi les délégués Vulcains. Il précisa. "Nous l'avons vu pour la dernière fois il y a trente et un jours. Il a demandé à me rencontrer, et j'ai naturellement accepté."
"Je comprends", répondit T'Pol, comme gênée. Il avait eu raison. Elle n'était pas seule. "Veuillez vous présenter au rapport une fois votre entretien terminé. Je suis des plus intéressées d'entendre ce qu'il a à dire."
"Confirmé. Reed terminé."
Reed rangea son communicateur dans sa poche et retourna vers le point de rendez-vous. Il y trouva Harris qui flânait entre les piliers de l'entrée d'une salle de conférence inutilisée. "Comment va le commandant Tucker?" demanda Harris sans préambule.
Reed se figea sous la surprise, et parvint juste à maintenir un visage neutre. "Bien", répondit-il. "Vous avez déjà réclamé votre dû, et vous l'avez obtenu. J'étais avec le commandant Tucker quand nous sommes allés secourir les Klingons. Ils préfèrent tirer d'abord et poser les questions ensuite. Nous avons eu de la chance de nous en sortir vivants." Il regardait Harris dans les yeux. "Je n'arrive pas à comprendre pourquoi vous nous avez jetés dans cette aventure sans intérêt. Je suppose que vous avez voulu vous débarrasser de Trip et de moi, et en même temps des Klingons, en particulier de Krell, et vous avez pensé que nous nous entretuerions. Je suis désolé de vous avoir déçu."
"En fait, Reed, Krell est un bon ami à moi... Je vois que vous semblez étonné."
Reed croisa les bras et lui jeta un regard noir, Harris se dépêcha d'en venir au fait.
"Les Klingons sont peut-être tous des barbares sanguinaires, mais ils ont du respect pour les personnes dans mon genre. Nous avons pu nous rendre quelques services de temps en temps. Dans le cas présent, Krell n'a fait que me rendre service, et vous n'avez jamais été en danger."
L'esprit de Reed bouillait. Il avait bien pensé que ce qu'Harris leur avait racontés à propos de plans volés avait été complètement fabriqué. De mystérieux plans de moteurs de distorsion de technologie révolutionnaire dont personne à bord de l'Entreprise n'avait jamais entendu parlé avaient été volés, et Harris voulait les racheter. Harris avait insisté pour que Tucker s'en charge puisqu'un expert comme lui dans ce domaine pourrait garantir l'authenticité des plans. Au lieu de cela, les Humains, surpris, avaient rencontré des Klingons tout aussi surpris, et le seul lien entre eux était Harris. Les Klingons avaient fini par admettre l'évidence. Maintenant, Harris prétendait que les Klingons avaient agi pour leur propre compte, et que Tucker et Reed ne craignaient rien.
Et les souvenirs du commandant Tucker avaient été altérés.
"Vous avez insisté pour que le Commandant Tucker soit là", répondit Reed très lentement. "Vous avez demandé votre dû dans ce qui me semble être une mission piège, en gaspillant ses talents. Et vous avez disparu de la section 31 juste après. Je suppose que vous n'avez pas l'intention de m'éclairer sur cet aspect?"
"J'ai bien cru que vous ne poseriez jamais la question", répondit poliment Harris. "Je suis sûr que vous vous rappelez ce qui s'est passé sur la Base Stellaire Une? Le désastre des cérémonies d'inauguration? Le Commandant Tucker est resté prisonnier là-bas plusieurs jours." Reed hocha la tête alors qu'Harris marqua une pause. Puis il reprit comme s'il parlait à un enfant. "Il n'a pas été tué. Il a été nourri et abreuvé. Il a été gardé à l'écart, mais pas interrogé."
"C'est exact", admit Reed à contrecoeur.
"Et cela ne vous a pas semblé... étrange? Voir même inexplicable?"
Reed sentait l'énervement le gagner. "Oui, naturellement."
"En fait, certaines... informations ont été implantées dans le cerveau du Commandant Tucker. A posteriori, je pense que vous auriez pu le retrouver plus rapidement, mais tout s'est bien terminé, bien que cela ait été limite." Harris faisait référence au fait que la Base Stellaire Une avait été sabotée et avait manqué d'être détruite, avec eux à l'intérieur, y compris Tucker et Archer. Seul le travail efficace de T'Pol les avait sauvés d'une mort certaine. "J'avais besoin de communiquer ces informations jusqu'à une certaine personne. Et c'est pourquoi j'ai chargé les Klingons d'agir en tant qu'intermédiaires, Krell pour être précis."
"J'imagine que vous vous entendez bien avec ce targ", murmura Reed, ce qui fit rire Harris.
"Pas du tout. Je ne connais personne qui y arrive. Krell a récupéré les informations pour moi. Votre téléportation vers le vaisseau Klingon a pris un peu plus longtemps que vous ne vous en rappelez. Les informations ont été extraites de Tucker pendant que vous étiez gardés tous les deux sans connaissance, puis vous avez été réveillés pour votre réunion avec Krell. De votre point de vue, aucun délai ne s'était écoulé. Et le fait est que, pendant que nous parlons ici même, ces informations sont en route vers leur destination."
"Qui se trouve où?" demanda Reed, tout en sachant qu'il n'obtiendrait pas de réponse.
"C'est sans importance pour le moment", répondit Harris évasivement. "Mais le Commandant Tucker éprouve probablement des maux de tête et des nausées, résultat du procédé d'extraction. Il faut environ une semaine pour que les symptômes disparaissent." Il balaya l'air d'un geste de la main. "Mais assez parlé du Commandant Tucker. Si vous dites qu'il va bien, alors il va bien. Parlons de moi. J'ai le regret de vous informer que je ne fait plus officiellement partie de la section 31."
Reed, qui essayait de reconstruire le puzzle des événements avec ce que venait de lui révéler Harris, était sceptique. "Vraiment!"
Harris soupira de façon théâtrale. "Je sais que vous ne le croyez pas, Malcolm, mais je suis un patriote. Un véritable patriote. Quand la section 31 a cessé d'agir au mieux des intérêts de la Terre et a commencé à s'impliquer du mauvais côté de certains conflits, rien que pour l'avantage personnel des grandes pontes, c'est-à-dire mes supérieurs, il est devenu évident que mes objectifs n'étaient plus conformes aux leurs. J'ai pensé qu'il valait mieux pour moi que je parte avant d'y perdre la vie."
Reed fit un geste en direction de la salle des négociations. "Peut-être pouvez-vous m'expliquer dans ce cas ce que vous faites ici. Des négociations commerciales? L'annonce d'un nouveau plan des Romuliens pour faire échouer la conférence? Franchement, je m'y attends un peu. Alors qu'y a-t-il au menu cette fois-ci? Sabotage? Assassinat? Peut-être un peu de corruption pour s'assurer de l'échec des alliances?" Il se pencha en avant et baissa la voix. "Ou bien simplement semer les graines du doute en murmurant à l'oreille de quelqu'un? Quelqu'un comme moi, par exemple?"
"J'ai bien peur que les Romuliens aient un plan de plus grande envergure" répondit Harris en laissant tomber son masque courtois. Son visage était plus dur et plus sérieux que Reed ne l'avait jamais vu. "Et je suis ici pour les arrêter. J'ai confiance en votre soutien. Voyez-vous, ils veulent déclarer une guerre ouverte contre la Terre. Et ils veulent nous écraser une fois pour toutes, définitivement."
A suivre...
 
   
 
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